Même si les tours d'horizon des concerts que je réalise fréquemment (notamment par la lecture approfondie de La Lettre du Musicien) témoignent de la stabilité quasi inébranlable des choix des décideurs pour des "programmations masculines", je constate par contre que les choses continuent à bouger au niveau des enregistrements.
La discographie que j'ai donnée dans mon ouvrage s'est beaucoup enrichie depuis sa parution en 2006. Notons l'ajout d'œuvres mettant en jeu de grandes forces orchestrales comme l'opéra de Louise Bertin La Esmeralda (1836) et la Fantaisie pour piano et orchestre (1913) de Nadia Boulanger.
Un nouvel ajout est le CD réalisé par le Quatuor Florestan de Strasbourg (Philippe Lindecker et Sylvie Brenner (violons), Roland Cheney (alto) et Agnès Lindecker (violoncelle), chez Solstice, qui est sorti le 26 avril 2011. Un concert a marqué cette sortie, le dimanche 8 mai 2011, à 17h30, à l'Eglise Saint-Guillaume de Strasbourg. Pour des renseignements, contacter Les Amis du Quatuor Florestan: 03 88 45 08 55 et quatuor.florestan@sfr.fr
Cet enregistrement regroupe deux quatuors à cordes:
- celui de Fanny Hensel (1805-1847), la sœur de Félix Mendelssohn. L'œuvre date de 1834. Pour connaître cette formidable créatrice, qui commence juste à vraiment émerger, on peut se procurer la biographie que Françoise Tillard lui a consacrée. Il s'agit là du premier enregistrement de cette œuvre par un quatuor français. Restée inédite du vivant de la compositrice, elle a été publiée par les éditions Furore de Kassel.
- celui de Marie Jaëll (1846-1925). Il s'agit là du premier enregistrement de cette œuvre, qui date de 1875 et était aussi restée inédite. Elle a été créée par le Quatuor Florestan le 19 septembre 2010 à la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg lors des Journées Européennes du Patrimoine. J'en profite pour saluer ici l'énergie de la responsable du quatuor, Annie Cheney, qui a permis à cet enregistrement de voir le jour, et le travail d'édition de Sébastien Troester, qui vient de publier l'œuvre, à partir des partitions manuscrites. Pour en savoir plus sur Marie Jaëll, vous pouvez visiter l'exposition réalisée par Marie-Laure Ingelaere à la BNU.
Marie Jaëll est en train de vivre de manière posthume un parcours similaire à celui de Mel Bonis, que j'évoque dans mon premier message.
Si ces activités de pédagogue ont été perpétuées par nombre de ses élèves (voir par exemple l'Association Marie Jaëll ou le site de la pianiste Catherine Guichard), ses activités de compositrice ont commencé à prendre leur véritable place grâce à Marie-Laure Ingelaere. Elle s'est occupée pendant de longues années du fonds de partitions présent à la BNU de Strasbourg et a effectué tout un travail de recherche. Des enregistrements de musique de piano, de musique de chambre et de mélodies ont commencé à paraître à partir de 1997, par Alexandre Sorel, Lisa et Lara Erbès, Catherine Dubosc, Françoise Tillard, etc., et maintenant celui du Quatuor. J'ai pu de mon côté consulter nombre de partitions du fonds et prendre la mesure de l'importance de Marie Jaëll dans la vie musicale française de la fin du XIXe siècle. Cette compositrice est donc très présente dans mon livre, notamment pour sa musique symphonique.
Sous l'impulsion de Marie-Laure Ingelaere, l'Association-Fondation Marie Jaëll qui a aidé à la parution du CD du Quatuor Florestan, est devenue récemment plus simplement Association Marie Jaëll-Alsace; elle rassemble un nombre croissant de membres qui ont à coeur de faire valoir l'œuvre de Marie Jaëll.
Pour tout renseignement et pour adhérer à l'association, s'adresser à Marie-Laure Ingelaere, 25 rue de Mulhouse, 67100 Strasbourg (France) ou ml.ingelaere@orange.fr
La situation des femmes compositrices est effectivement un sujet dense et passionnant.
RépondreSupprimerDe mon côté, après m'être intéressée à Germaine Tailleferre, ( http://www.franceinter.fr/emission-au-fil-de-l-histoire-germaine-tailleferre-l-oubliee-du-groupe-des-six ) j'ai voulu creuser les cas de Fanny Mendelssohn, Clara Wieck et Alma Schindler, au travers d'un essai, publié chez L’Harmattan.
( http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=36589 )
J’ai écrit ce livre, par amour pour la musique, par envie de parler de trois femmes aux destinées à la fois similaires et dissemblables, dans leur réalisation et/ou leur frustration.
Même si ces destins remontent aux 19ème et 20ème siècles, ils peuvent apparaître à nombre d’entre nous diablement modernes dans leur combat pour exister en dépit de tous les apriorismes.
J'ai eu l'occasion d'en parler chez Stéphanie Duncan le dimanche 13 mai dernier
http://www.franceinter.fr/emission-les-femmes-toute-une-histoire-laurence-equilbey-agnes-boucher-et-l-humoriste-constance
Je trouve donc que votre blog est riche d'enseignement, en ces temps où dans bien des domaines les femmes doivent continuer à se battre pour atteindre une "juste" parité (Cf. Cannes où seuls les hommes semblent avoir le "droit" de concourir, et les femmes de jouer les "potiches"...)
Bien cordialement
Agnès Boucher
Bonjour Mme Launay, je n'ai pas trouvé votre adresse mail aussi je passe par votre blog. Je suis actuellement affairée à ma thèse et je travaille sur des dramaturges femmes du XIXème siècle par le biais de leurs figures de criminelles et j'aurais souhaité lire Judith de Pauline Thys, savez-vous où je peux la trouver car je ne la trouve pas sur le site de la BNF et vous l'évoquez à plusieurs reprises dans votre ouvrage très dense (qui m'est tout à fait précieux). Voici mon adresse mail : julierossello@gmail.com, en espérant que vous ayez mon message, cordialement à vous, Julie Rossello Rochet
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